Transfusion
Cet article a été rédigé par le Pr Mariane de Montalembert sur la base de questions fréquemment posées sur la transfusion, relayées par l’association Drépavie.
Transfuser quelqu'un consiste à lui apporter par une perfusion des globules rouges prélevés chez une autre personne : un donneur de sang. Le donneur de sang a d'abord subi un interrogatoire approfondi et des tests sanguins pour vérifier qu'il n'est pas porteur des virus des hépatites B et C, ni du virus HIV. Le sang prélevé est conservé dans une poche plastique. Il peut être gardé au réfrigérateur quelques jours au niveau d'un établissement de transfusion avant la transfusion. La banque du sang distribue des poches de sang après avoir vérifié la compatibilité des groupes sanguins entre le donneur de sang et la personne qui doit être transfusée.
Une personne drépanocytaire peut être transfusée dans deux types de circonstances :
- Parce qu'elle manque de globules rouges : on dit qu'elle a une anémie aiguë. Comme les globules rouges transportent l'oxygène vers les tissus, quand on manque beaucoup de globules rouges, les tissus manquent d'oxygène, ce qui est dangereux.
- Parce que les vaisseaux sanguins sont bouchés par des globules rouges drépanocytaires qui se collent les uns aux autres. La transfusion permet d'apporter des globules rouges qui vont se faufiler dans les vaisseaux bouchés et vont lever l'obstacle.
Non, c'est le signe qu'à un moment donné, une complication grave est survenue. S'il s'agit d'une anémie aiguë, la transfusion permet de passer le cap. S'il s`agit d'un vaisseau bouché, ce qui est important, c'est de savoir si les vaisseaux sanguins qui étaient bouchés ont un calibre normal ou non. Si les vaisseaux sanguins sont rétrécis, c'est effectivement un signe d'aggravation de la maladie.
Il n'y a pas d'âge limite. On peut transfuser un bébé ou une personne très âgée.
Sauf exception, oui. Les exceptions sont les très rares personnes qui:
- ont des groupes sanguins exceptionnels
- ou ont développé à la suite de transfusions ou de grossesses de très nombreux anticorps contre les globules rouges. On recherche ces anticorps contre les globules rouges transfusés en prélevant les « RAI »= « recherche d`agglutinines irrégulières ».
Une transfusion apporte des globules rouges. Un échange transfusionnel associe une saignée qui retire des globules rouges drépanocytaires et une transfusion, qui apporte des globules rouges.
Une saignée retire du sang
Une saignée retire du sang, une transfusion apporte du sang. Il arrive qu'on associe les 2 : on peut faire une saignée pour retirer du sang drépanocytaire, et une transfusion pour apporter du sang normal. C'est ce qu'on appelle un échange transfusionnel.
Il faut d'abord se souvenir des risques liés au fait de ne pas être transfusé : quand on ne transfuse pas une personne qui en a vraiment besoin, on peut mettre sa vie en danger. C'est par rapport à ce risque de vie ou de mort qu'on doit comparer les risques maintenant faibles liés à la transfusion :
- Le principal risque en France est que la personne transfusée développe des anticorps contre les globules rouges transfusés. On recherche ces anticorps contre les globules rouges en prélevant les « RAI » (= « recherche d'agglutinines irrégulières »). Les anticorps contre les globules rouges étrangers présents dans le sang d'un patient détruisent les globules transfusés présentant les caractères contre lesquels ils sont dirigés. Quand les globules rouges transfusés sont détruits, ils sont éliminés par les urines qui deviennent rouges, et le taux d'hémoglobinene se corrige pas.
- Le sang doit être transfusé à bonne vitesse, pas trop vite, pour que l'organisme s'adapte au volume de liquide apporté.
- Très exceptionnellement, le sang a pu être prélevé à un donneur qui était infecté de façon inapparente par une bactérie. Quand le receveur de sang est transfusé, il reçoit la bactérie et peut faire de la fièvre. Il faut arrêter la transfusion et donner des antibiotiques au patient. C'est tout à fait rare.
- Quand les personnes sont transfusées très souvent, ils peuvent avoir un excès de fer dans le corps, parce que les globules rouges transfusés contiennent du fer. Quand les globules rouges meurent, ce qui est normal puisqu`ils ne vivent dans le sang du receveur qu'environ 1 mois, ils libèrent leur fer. Une infime partie du fer est éliminée dans les urines et dans les selles, et le reste se dépose dans le corps, notamment dans le foie et le cœur. En général, la surcharge en fer n'entraîne pas de complications pendant des années. Il existe des examens très performants qui peuvent déceler précocement la surcharge en fer. Quand on constate une surcharge en fer, on commence un traitement. Il en existe de très efficaces.
- Certains patients ont des veines très fines, il est très difficile, voire impossible de les perfuser. On peut avoir besoin de leur poser une chambre implantable perfusable.
- En France, et dans tous les pays développés, le risque d'infection virale post-transfusionnelle, telle que le SIDA, les hépatites B et C, est maintenant quasiment nul.
Il n'existe pas d'autre risque sérieux lié à la transfusion que ceux qui ont été décrits plus haut.
Un enfant, comme un adulte, doit être transfusé aussi souvent qu'il en a besoin. Transfuser un enfant ne crée pas le besoin qu'il soit transfusé de nouveau. Le plus souvent, la transfusion est occasionnelle. Etre transfusé une fois ne veut pas du tout dire qu'on devra être transfusé une deuxième fois. Mais quand un bilan révèle que les vaisseaux sanguins ont un calibre rétréci, il y a un risque important que les vaisseaux soient bouchés par les globules rouges drépanocytaires. Il est le plus souvent nécessaire de faire des transfusions, ou des échanges transfusionnels, répétés, pour faciliter la circulation des globules rouges.
Le sang est prélevé à un donneur de sang. En France, les donneurs de sang sont des personnes bénévoles, qui veulent aider les autres. Ils subissent un interrogatoire très soigneux et de très nombreux tests sanguins pour vérifier qu`ils ne sont pas porteurs de maladies transmissibles par la transfusion.
Non, le don du sang en France est « anonyme », cela veut dire qu'on donne son sang pour la communauté des malades, mais pas pour un membre de sa famille. Des études scientifiques approfondies ont montré que c'était ce type de don, anonyme et non pas intra-familial, qui garantissait le mieux la « sécurité transfusionnelle ». En effet, les parents des malades ont autant de risque que les autres d'avoir des infections, alors que les donneurs de sang anonymes sont très souvent des donneurs réguliers qui subissent à intervalles réguliers des tests sanguins multiples. Il existe une exception à cette règle, quand un patient a un groupe sanguin exceptionnel et qu'un membre de sa famille a le même groupe sanguin. On peut alors demander à cette personne de la famille de donner son sang pour la personne malade.
Dans les situations d'urgence, non, aucun. Seule la transfusion peut sauver la vie du malade qui en a vraiment besoin. Dans les situations non urgentes, par exemple quand on a montré qu'un patient avait des vaisseaux bouchés par les globules rouges drépanocytaires parce que leur calibre était rétréci, on peut dans certains cas discuter un traitement par l'hydroxycarbamide (Siklos®). Seul un spécialiste de la drépanocytose peut décider si ce traitement peut remplacer la transfusion chronique dans ces situations.
Il faut avant tout essayer des médicaments contre la douleur. Dans certains cas, quand les médicaments contre la douleur ne suffisent pas, il arrive très rarement qu'on ait besoin de faire une transfusion.
On traite de plus en plus les personnes ayant des crises douloureuses osseuses et celles faisant des complications respiratoires répétées (des « syndromes thoraciques aigus ») par de l'hydroxycarbamide (Siklos®). Mais il arrive que ce traitement ne soit pas efficace, surtout chez les adultes où l'hydroxycarbamide (Siklos®) est souvent moins efficace que chez l'enfant. Un spécialiste de la drépanocytose peut alors proposer de transfuser le patient tous les mois pour éviter l'apparition des crises douloureuses. Quand une personne a eu des complications cérébrales parce que le calibre de ses vaisseaux est rétréci, il faut la transfuser pour éviter la progression des complications cérébrales. Les transfusions doivent être répétées tous les mois dans ces situations, car les globules rouges transfusés vivent environ un mois dans le corps de la personne qui a été transfusée.
Une transfusion dure en général 2 à 3 heures.
Le risque de transmettre un virus lors d'une transfusion est si faible qu'on a renoncé à France à rechercher systématiquement 3 mois après une transfusion des anticorps contre les virus des hépatites et contre le virus HIV.